CELEBRATION DE LA 17EME JOURNEE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME

DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
DISCOURS DE SON EXCELLENCE LE PROFESSEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;

Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;

Mesdames et Messieurs les membres du corps Diplomatique ;

Messieurs les Députés de Bimbo 1 et 2 ;

Monsieur le Préfet de l’Ombella M’poko ;

Monsieur le Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Bimbo ;

Vaillantes populations de Bimbo ;

Chers élèves ;

Distingués invités,

Mes chers Compatriotes,

Comme l’année dernière, nous voici réunis pour célébrer les Journées Mondiales de lutte contre le Paludisme.

C’est avec un plaisir renouvelé que je préside cet évènement pour marquer mon engagement à éliminer le paludisme comme problème de santé publique majeur d’ici 2030. Le thème des 17ème Journées que nous célébrons ce jour, nous invite à « Promouvoir l’Equité en santé, l’Égalité des genres et les Droits de l’Homme, » dans nos efforts de lutte contre le paludisme.

Il vient conforter l’option politique que nous avions faite, il y a quelques années, d’assurer l’équité d’accès aux soins de santé pour les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les enfants de moins de 5 ans à travers la politique de la gratuité ciblée.

Il est également en lien avec notre volonté de garantir le respect des spécificités et l’égalité des genres dans la mise en œuvre de l’engagement communautaire avec des agents de santé communautaire opérant en binôme des deux sexes au sein des ménages.

Cela en parfaite cohérence avec la Constitution de notre pays et la politique nationale de santé qui reconnaissent la santé comme un droit fondamental pour toutes personnes vivant sur le territoire centrafricain.

Nous avions, depuis quelques années, fait nôtres ces principes dans le cadre de la lutte contre le paludisme qui continue de sévir dans notre pays comme un problème de santé publique majeur avec de graves conséquences sur la société et le développement. En effet, selon les statistiques nationales, le paludisme représentait en 2022 la première cause des problèmes de santé dans notre pays, avec 66% des cas de maladie et 41% des décès hospitaliers, tous âges confondus.

Le paludisme est aussi un défi pour notre système éducatif. Il cause la déscolarisation, l’absentéisme et les mauvais résultats scolaires pour nos enfants, à cause du faible accès aux services de lutte contre le paludisme pour les enfants d’âge scolaire. Les enquêtes de 2016 et 2019 ont montré que seulement, 42% des enfants d’âge scolaire dormaient sous des moustiquaires imprégnées d’insecticides de longue durée en République Centrafricaine, comparé à un objectif de couverture de 80%.

Le paludisme limite la productivité économique, car il touche aussi les populations adultes qui sont les forces vives du pays.

Un adulte malade du paludisme correspond à au moins sept jours de travail perdus, des revenus en moins pour la famille et une baisse de productivité pour son service, son entreprise ou pour l’activité qu’il exerce dans le secteur primaire de l’économie de notre pays.

Selon le partenariat « Faire reculer le paludisme », cette maladie réduit de 1,3% la croissance économique des pays endémiques comme le nôtre.

Par ailleurs, selon les informations disponibles, l’impact du paludisme sur la santé et le développement risque fort bien d’être aggravé par l’effet des changements climatiques, notamment l’augmentation de la température ambiante et de l’humidité qui est favorable à la prolifération des moustiques de type anophèle, vecteurs du paludisme. Les résultats des dernières recherches de l’Institut Pasteur de Bangui montrent déjà, sur l’étendue du territoire, une résistance des vecteurs du paludisme aux insecticides communément utilisés pour l’imprégnation des moustiquaires et un changement de comportement de ces vecteurs.

Il ressort des études de l’Institut Pasteur de Bangui que la majeure partie des piqures des moustiques de type anophèles se sont produites du lever au coucher du soleil, alors que naguère ces piqures ne se produisaient que la nuit.

Environ 20 à 30% des piqures à l’intérieur des domiciles se produisaient dans la journée. Les changements climatiques accélèrent ces phénomènes de résistance et de changement de comportement observés chez les vecteurs du paludisme.

Face à cette situation, j’instruis le Ministre de la Santé et de la Population d’accélérer et d’approfondir les études sur l’impact du changement climatique sur la santé afin de guider nos efforts de lutte contre les maladies dans le cadre de l’approche « Une Seule Santé » qui implique les Ministères de l’Environnement, des Eaux et Forêts, de l’Agriculture et de l’Élevage.

Distingués invités,

Mes chers Compatriotes,

Ainsi que je viens de le rappeler, notre pays met en œuvre des stratégies de prévention, de diagnostic, de traitement rapide et efficace contre le paludisme au nombre desquelles figure l’engagement communautaire dont j’ai lancé officiellement la politique lors de la 16ème Journée Mondiale de lutte contre le Paludisme en avril 2023. En effet, les communautés informées et mobilisées peuvent transformer de manière proactive leur environnement pour réduire les sites de reproduction de moustiques et améliorer l’usage des interventions préventives. Je suis heureux de rapporter que cette politique est déjà opérationnelle à Bangui où plus de 500 agents de santé communautaire sont déployés sous la supervision des Maires, des Chefs de groupes et Chefs de quartiers. Après trois mois de mise en œuvre effective, cette stratégie montre des résultats très encourageants qui confortent nos espoirs. Ainsi, 49.201 cas suspects de paludisme ont été dépistés.

Les tests de diagnostic ont été réalisés pour 41.196 cas suspects et 18.624 malades de paludisme ont été traités rapidement, avec les produits recommandés par la politique nationale ; 6.893 personnes présentant des cas de paludisme grave et qui risquaient de mourir, ont pu être transférés vers les formations sanitaires.

Les Agents de Santé Communautaire ont aussi donné des Traitements Préventifs Intermittents à 14.560 femmes enceintes pour les protéger et protéger leurs grossesses du paludisme.

De façon globale, de 2016 à 2023, plus de 15 millions de cas suspects de paludisme ont été identifiés dont 14 millions ont bénéficié de tests de diagnostic avec 9 millions de cas positifs qui ont été traités gratuitement dans nos formations sanitaires.

Environ 470.000 femmes enceintes ont reçu gratuitement le Traitement Préventif Intermittent pour les protéger et protéger leurs grossesses contre le paludisme.

Par ailleurs, plus de 8.600.000 Moustiquaires Imprégnées d’Insecticide de Longue Durée ont été distribuées gratuitement aux populations, directement dans les ménages, pour protéger les enfants de moins de 5 ans, les adolescentes et adolescents, les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les peuples autochtones et les déplacés internes.

La Carte de Score du Paludisme établie par l’Alliance des Chefs d’Etat Africains contre le Paludisme (ALMA) montre des impacts encourageants de ces mesures.

En effet, l’incidence du paludisme est tombée de 334 en 2021 à 205 en 2023 pour 1000 habitants et le taux de test positif est tombe 73% en 2021 à 61% en 2023.

En vue de renforcer ces tendances positives, le gouvernement vient d’approuver l’introduction du tout nouveau vaccin contre le paludisme. Je suis heureux d’annoncer solennellement que cette campagne débutera au troisième trimestre de cette année. Dans cette optique, je voudrais rappeler que faire reculer le paludisme exige de nous une plus grande attention à l’amélioration de notre cadre de vie, l’hygiène et l’assainissement du milieu.

L’opération « Kwa ti Kôdrô » que j’ai lancée en décembre 2022 et qui suscite un engouement populaire, est une opportunité pour promouvoir des actions d’assainissement qui ont un impact certain sur la lutte contre le paludisme.

Je saisis cette opportunité pour inviter solennellement nos partenaires, la société civile et les acteurs humanitaires à se joindre à cette importante activité de promotion de la santé publique afin de permettre au peuple centrafricain de tenir ses engagements d’élimination du paludisme comme problème de santé publique d’ici 2030.

Distingués invités,

Mes chers Compatriotes,

Ces actions et les résultats sur la santé des populations de notre pays sont la conséquence d’un effort acharné de mobilisation de ressources pour la santé que j’ai initié dès mon accession à la magistrature suprême de notre pays.

Je me suis impliqué personnellement dans la mobilisation de ressources externes auprès du Fonds Mondial et d’autres partenaires.

Le pays a ainsi reçu depuis 2017, 375,5 millions d’Euros du Fonds Mondial dont plus de 167 millions d’Euros alloués à la lutte contre le paludisme, soit près de 110 milliards de FCFA (109.725.605.938 FCFA).

A cela, il faut ajouter la contribution de la République Populaire de Chine d’une valeur de 15 millions de Yuan chinois.

La part de cofinancement du Gouvernement dans la lutte contre le paludisme est en augmentation, passant de 25 millions en 2023 à 310 millions en 2024.

Distingués invités,

Mes chers Compatriotes,

Ces résultats prometteurs ne doivent pas occulter les nombreux défis de la riposte nationale au paludisme, notamment la faible couverture des actions de prévention destinées à empêcher les populations à entrer en contact avec les moustiques et à être infectés par les parasites qui causent le paludisme.

En effet, selon l’enquête MICS 2019 et la carte de score du paludisme de l’ALMA, la couverture des populations en Moustiquaires Imprégnées d’Insecticide de Longue Durée (MILD) reste faible à 50% ; la couverture des enfants de moins d’un (1) an et les femmes enceintes en moustiquaires imprégnées reste à 30% et la couverture des femmes enceintes en Traitement Préventif Intermittent pour les protéger contre le paludisme est à 35%.

Pour relever le défi, nous devons faire preuve de beaucoup de créativité, afin de générer des approches novatrices de lutte.

C’est ainsi que nous lançons, à l’occasion de la présente journée mondiale, la stratégie à haut impact de distribution de moustiquaires imprégnées et d’offre de services de lutte contre le paludisme dans les écoles.

Cette stratégie permettra de prendre en compte de façon appropriée les besoins des filles et garçons d’âge scolaire, par une combinaison des interventions promotionnelles, préventives et curatives de lutte contre le paludisme.

Ainsi, outre la distribution des moustiquaires, la stratégie permettra d’installer dans les écoles des sites de prise en charge, dits « points palu » et des « maîtres palu », qui sont des enseignants qui serviront d’agents de santé communautaires, au sein des écoles. Les élèves serviront d’excellents canaux de communication auprès de leur famille, en vue d’induire des changements de comportements durables, en faveur de la lutte contre le paludisme.

Afin d’assurer la réussite de cette stratégie, j’instruis le Ministre d’État chargé de l’Éducation Nationale, le Ministre chargé de la Santé et de la Population et le Ministre chargé de l’Administration du Territoire ainsi que les Associations des parents d’élèves à matérialiser cette nouvelle initiative par la mise en place de mécanismes de gestion conjointe appropriés, assortis de textes règlementaires.

Cette innovation sera soutenue par le renforcement et le passage à échelle de l’engagement communautaire, qui porte les interventions de lutte contre le paludisme jusque dans les ménages, en vue de réduire les retards au diagnostic et au traitement. A cet effet, la mobilisation multisectorielle et multidisciplinaire est de rigueur dans le cadre d’une seule politique d’engagement communautaire portée par le Gouvernement.

Distingués invités,

Mes chers Compatriotes,

Permettez, à ce stade de mon propos, de remercier les partenaires qui œuvrent constamment à nos côtés dans la lutte contre le paludisme, notamment le Fonds Mondial de Lutte contre le VIH, la Tuberculose et le Paludisme, ses récipiendaires principaux comme la Croix Rouge Française et World Vision International, l’Organisation Mondiale de la Santé, la Banque Mondiale, la Fondation Bill et Melinda Gates, AMP Health, l'Alliance GAVI, la République Populaire de Chine, Médecins Sans Frontières, l’Institut Pasteur de Bangui, la Solidarité contre le Paludisme en Centrafrique (SPALCA) et les autres organisations de la société civile, sans oublier tous les autres partenaires de mise en œuvre sur le terrain. Je saisis l’opportunité pour féliciter toutes les parties prenantes impliquées dans la lutte contre le paludisme, en particulier, les agents de santé, toutes catégories confondues, les agents de santé communautaire et les leaders communautaires.

J’encourage les agents de santé à mettre la personne au centre de leurs préoccupations et de leurs actions, en garantissant à toute personne vivant sur le territoire centrafricain, femme ou homme, quel que soit son statut socioéconomique, l’accès à des services de lutte contre le paludisme qui répondent à ses besoins. Les services de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme sont un droit pour chacun et pour tous.

A cet égard, je tiens à rappeler que les soins préventifs et curatifs du paludisme sont gratuits dans toutes les formations sanitaires publiques.

Je lance un appel solennel à toutes les forces vives de la nation, les élus du peuple, les autorités locales, les leaders communautaires, traditionnels et religieux, les communautés, les élèves, les ménages et les individus à s’impliquer collectivement et individuellement pour accélérer la lutte et bouter le paludisme hors de notre pays. En ma qualité de Père de la Nation, je m’engage pour « Zéro paludisme dans un Centrafrique équitable ! ».

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son peuple. Je vous remercie.